RSS Feed

‘Coulisses du métier’ Category

  1. Journaliste, traduction

    juin 16, 2015 by Isabelle Chelley

    url

    Ça fait des années que chaque jour, je m’installe devant mon Mac pour écrire. Et à chaque fois, pendant quelques secondes, l’image de Snoopy écrivain m’apparaît. C’est grave, docteur ?

    Dans un article précédent, j’ai sous-entendu que l’Artiste, cet être intègre, sincère et à fleur de peau, pouvait, à l’occasion, manier la langue de bois mieux qu’un vieux politicard chevronné en débat télévisé face à des vrais gens. Entre nous, je dois l’avouer, le Journaliste ne vaut pas mieux. Dans l’espoir d’extorquer des réponses à l’Artiste et de ne pas se mettre à dos les maisons de disques et autres attaché.e.s de presse, il est capable de petits arrangements avec la vérité. Oui, c’est moche. Mais au fond, le Journaliste est un individu comme les autres (juste un peu plus alcoolique), ni plus intègre, ni plus objectif, quoi qu’il en dise. Ci-dessous, quelques exemples de petits mensonges que je vous traduis, parce que je vous aime bien. Du moins, c’est ce que je prétends…

    Un album difficile : À la première écoute, on oscille entre la douleur physique, la nausée (ou était-ce un reste de gueule de bois ?) et l’envie de se percer les tympans à la chignole pour ne plus jamais risquer d’entendre une atrocité pareille. Mais sinon, c’est vachement avant-gardiste.

    Un deuxième album délicat : Pas au sens de « qui fait preuve d’adresse et de légèreté ». Mais plutôt de « délicat à enregistrer parce que le groupe a balancé ses bonnes idées sur le premier disque et s’est depuis cramé avec le succès, trop de concerts et quelques substances nocives pour la santé. » À n’écouter que pour faire découvrir à vos potes sains la sensation sonore d’une méga-gueule de bois doublée d’une dépression.

    L’album de la reformation : L’album de la déchéance, de la honte, du, mais pourquoiiii ? Pourquoi saloper sa légende lorsque tout le monde vénérait des souvenirs embellis par le manque ? Pourquoi revenir lorsque l’épaisseur des cheveux est inversement proportionnelle à celle du bide ? Pourquoi, au mieux, faire la même chose que sur l’album d’avant le split (souvent le moins inspiré) ou, au pire, de suivre la tendance avec la même aisance qu’une nonagénaire atteinte d’ostéoporose se lançant dans une démonstration de break-dance ? A n’offrir qu’au pote chroniquement nostalgique de ses 20 ans, qui n’a pas écouté une nouveauté depuis la mort de Kurt Cobain.

    Un album agréablement planant : Planant pendant trois minutes. Mortellement chiant pendant les soixante-douze restantes. Peut cependant servir à apaiser un bébé qui fait ses dents ou à endormir mamie si elle a oublié son Valium.

    Une voix éthérée : Même au volume 12, avec un casque vissé sur les oreilles, on pourrait la confondre avec le murmure d’un poisson rouge à peine amplifié. À mettre au copain fan de black metal qui refuse les bouchons d’oreilles pour lui faire croire qu’il est proche de la carte de fidélité chez Audika.

    Une voix qui a vécu : C’est-à-dire entre le clodo qui beugle des obscénités dans le métro parce qu’il a quelque peu abusé de la 8,6° et la poissonnière à la criée vantant sa morue bien fraîche. On aurait bien parlé d’un timbre entretenu à la Gitane maïs et au whisky de contrebande, mais avec la loi Évain, on a peur de se faire taper sur les doigts pour apologie de produits nocifs à la santé. A écouter avant d’aller en soirée, dans l’espoir que ce déplorable exemple incite à la modération.

    Un sympathique groupe de branleurs : Des branleurs. Pas forcément sympathiques puisqu’ils arrivent bourrés et/ou défoncés à l’interview et, une fois la distance de sécurité anti-projection de vomi établie, ils sont incapables de répondre à la moindre question, même en monopolisant leur neurone commun vaguement intact.

    Un groupe de vieux briscards volubiles : Vieux avant tout, avec une touche de sénilité précoce. Et très volubiles. Mais définitivement en roue libre, incapable d’écouter une question, puisque ces Gentlemen Gaga aiment se remémorer leur passé, en s’embrouillant dans leurs histoires, avant de conclure d’un « Si tu te souviens des sixties, hein, c’est que tu ne les as pas vécues ». Avec l’air ravi du mec qui croit avoir inventé la formule.

    Un univers très personnel : À mi-chemin entre la pathologie mentale incurable et le fou-fou qui a testé personnellement toutes les drogues, du champignon hallucinogène au Haribo de contrebande. Donne vite l’impression de regarder une de ces émissions de télé racoleuses, où des gens très perchés sont convaincus de l’existence des Reptiliens.

    Un album sympathique : Que j’aurais oublié dans dix secondes. Hein, attend, de quoi on parle, là ?


  2. Interviews, traduction

    avril 23, 2015 by Isabelle Chelley

    photo

    Cette superbe illustration est signée de ma personne (vous aurez reconnu mon goût de myope pour la photo semi-floue). Merci encore à Philippe Massoni qui m’a offert le Playmobil Elvis !

    Je vais devoir faire une révélation qui risque d’ébranler les plus naïfs d’entre vous. En interview, l’Artiste n’est pas toujours sincère. Surtout face à un(e) journaliste. Il ne ment pas, attention… Il se contente d’enrober la vérité d’un délicat vernis qui la rend plus plaisante à lire.
    L’Artiste américain, l’acteur en particulier, est passé maître dans l’art de la communication, de la belle déclaration ronflante où les termes inspirant, collaboration enrichissante, admiration réciproque et travail d’équipe reviennent en boucle. Le rock conserve quelques grandes gueules pour balancer des vérités qui font mal (et d’énormes conneries aussi), mais l’espèce est en voie de disparition… Et si l’Homo Rockn’n’rollus est moins lisse que son homologue cinématographique, il lui arrive de pratiquer une gentille langue de contreplaqué que je vais me faire un plaisir de vous traduire ici.

    Je suis perfectionniste : Tu vois Hitler sous cocaïne en plein délire control-freak ? Eh bien comparé à moi quand je bosse, c’est un type plutôt détendu du string. Je peux refaire 200 fois la même prise en studio et je trépigne de rage en maudissant l’ingé son sur 18 générations tant qu’on n’en fait pas une 201e. Pendant le sound-check, je suis une grosse diva capricieuse et je fais même chialer le gros roadie tatoué qui décapsule ses bières avec les dents.

    C’est l’album de la maturité : Après cinq ans non-stop à picoler comme des gorets en studio et en tournée, à se réveiller baignant dans notre vomi ou celui de gens dont on ne se souvient plus du prénom, à faire des bébés à des groupies qui n’avaient pas l’air si mineures que ça, on a décidé de se calmer pour amortir le passage en rehab et la greffe de foie et de cloison nasale.

    On a fait un break : Tu as déjà passé des mois à tourner dans le même bus que trois autres glandus ? On ne s’était pas aperçus des non-dits accumulés entre nous et du besoin de mettre des distances, jusqu’au jour j’ai attaqué le batteur à coup d’extincteur parce qu’il faisait trop de bruit en respirant.

    Ce break nous a rendu plus forts : On arrive à rester dans la même pièce dix minutes d’affilée, sans en venir aux mains.

    On est très instinctifs : On est de très gros branleurs. En vrai, on préfère fumer des joints et boire des bières plutôt que de s’enfermer en studio pour bosser. Du coup, on fait tout en une prise, puisqu’au final, vous écouterez le disque en MP3 avec un son dégueulasse, alors pourquoi se prendre le chou, hein ?

    On se fout de notre image : Chaque matin, on passe une heure à choisir notre jeans pourri et à se décoiffer les cheveux. On fait vieillir nos Converses aux pieds des roadies. L’autre jour, je me suis rasé de près par erreur, du coup, je ne suis pas sorti de chez moi pendant trois jours…

    On a quitté le label en bons termes : On a saccagé le bureau du directeur artistique, menacé de mettre le feu aux locaux, déposé une tête de cheval mort sur l’oreiller du big boss. Pour le procès, on va plaider la perte de jugement temporaire…

    Le groupe est une démocratie : Une démocratie au sens coréen du nord, bien sûr.

    La collaboration géniale par internet : J’aurais vendu ma petite sœur pour être ne serait-ce qu’une demi-journée dans le même studio que mon héros venu poser une voix sur un morceau. Mais apparemment, il m’a pris au sérieux quand j’ai dit en interview que si je le rencontrais, je me frotterais sur sa jambe comme un clebs en chaleur…

    Je n’accorde aucune importance aux prix : J’ai le nom de tous ceux qui ont eu à ma place le Grammy Award, le Mercury Prize, le Brit Award et le prix du mec le plus sexy avec une barbe géante et un jeans retroussé sur les chevilles. Et eux, si je les croise, je les tape.

    Je me suis fait plaisir avec cet album : Au moins, il y en aura un à qui mes morceaux archi-complaisants et mal foutus plairont. C’est déjà ça.

    Mes paroles ne sont pas du tout perso : La chanson « Amy is a dirty bitch because she dumped me for another pop-star » par exemple, n’est pas du autobiographique. Mon ex, cette salope qui m’a quitté pour un chanteur pop de merde, s’appelait Ally… Je ne vois pas pourquoi les journalistes se font des films. L’inspiration, je la trouve partout, pas juste dans ma vie. Et si l’album s’intitule « My Life », c’est juste vachement ironique. Et vous tombez tous dans le panneau.

    Ce groupe ? Jamais entendu, ils n’ont pas pu m’influencer : J’ai tous leurs albums. Et les pirates. Et les rééditions sud-américaines, japonaises, congolaises et inuit de tous leurs disques.

    Je ne suis rien sans mes fans, j’ai un rapport privilégié avec eux : J’adore quand ils likent mes photos sur Instagram et mes statuts Facebook. Et je charge personnellement notre attachée de presse de répondre aux relous qui veulent discuter…

    Je ne lis jamais les critiques, même les bonnes : Là, deux traductions sont envisageables. 1) L’Artiste est vraiment sensible, limite écorché vif qu’on aurait plongé dans un bain d’alcool à 90° et de sel : oui, même les compliments, je les prends mal, parce que je me demande si j’en suis digne au fond. Et puis, les critiques ne comprennent pas vraiment mon Art, ils ne voient pas que je tente de m’élever vers le sublime, ils se contentent de me comparer aux Beatles… 2) L’Artiste nous prend pour un jambon : J’ai des alertes Google avec des mots-clés portant sur moi, comme ça, je lis tout. Y compris les tweets sur moi. Je sais qu’en 2009, tu as émis une vague réserve sur mon premier album et ça, je ne l’ai pas oublié…


  3. Festival, J-quelque chose, part II

    juillet 3, 2013 by Isabelle Chelley

    Aucun chihuahua n’a été malmené pour l’illustration de cet article. 

    Le festival est sûrement le moment de l’année où j’apprécie mon statut privilégié. Car, oui, petit scarabée, être journaliste en festival, c’est un peu moins pire qu’être spectateur. Par exemple, grâce à mon badge laminé sur lequel j’ai pris soin de coller une photo surexposée et/ou je porte mes Wayfarer (planquer ses cernes est un boulot à plein temps), j’ai accès à l’Espace Presse. Le Saint des Saints. Contrairement à ce que disent les jaloux n’y ayant pas accès, l’alcool n’y coule pas à flot gratuitement et les rock-stars n’y tapent pas la discute en offrant des lignes de coke sur le ventre nu de jeunes filles nubiles, mais il y a quand même quelques avantages. Comme celui de profiter de toilettes propres et d’une tente avec des sièges où poser son postérieur, son sac et sa picole entre deux concerts. On y croise aussi une faune pittoresque, que je vais me faire un plaisir de te dépeindre, petit scarabée, afin de te faire rêver. Ou ricaner si tu as un mauvais fond, ce que je soupçonne si tu traînes sur ce blog.

    L’attachée de presse du festival : À côté d’elle, Shiva est manchot. Entourée d’un bataillon d’assistantes et de stagiaires, elle jongle avec trois portables et douze listes, distribue des passes à des journalistes ronchons parce qu’ils ont dû faire cinq minutes de queue et court partout, à mi-chemin entre Usain Bolt et un canard décapité. Pendant le festival, elle ne se départit jamais de son sang froid, sauf lorsqu’on la remercie ou qu’on lui propose un truc à boire. Il faut la comprendre, elle n’a plus l’habitude.

    L’éponge : Ce journaliste chevronné passe ses festivals dans un doux brouillard embièré. À peine arrivé, il fait l’ouverture du bar, repère un transat entre la tireuse à bière, les wawas et l’écran géant et prend racine pour le week-end. Il ne va pas au devant du monde, le monde vient à lui (il est stratégiquement installé sur la route du bar, n’oubliez pas ce détail crucial). A défaut de commenter le festival qui se déroule de l’autre côté de l’espace presse, il égrène ses souvenirs des éditions précédentes. On sent sa gorge se serrer d’émotion lorsqu’il évoque cette belle cuvée 2005, quand il y avait eu l’évènement Heineken avec open bar. Il basera ensuite son compte-rendu sur les images aperçues sur l’écran géant, les commentaires des confrères et les bruits de couloir rapportés par son nouveau meilleur pote, le barman.

    Le parasite : Il débarque nimbé d’une aura de mystère. Nul ne sait comment il a obtenu son pass, puisqu’on ne connaît pas le média pour lequel il est censé écrire. Mais lui, il connaît tout le monde, s’incruste dans les conversations, essaie de décrocher des piges partout (une rumeur prétend qu’il va aussi au salon « Tricots en Fête » et fait la retape auprès de la rédac’ chef de Modes & Travaux, mais ce n’est qu’une rumeur, hein…) et s’arrange pour se faire payer à boire à tout va. Sa plus fâcheuse manie ? À l’inverse du morpion qui s’accroche, il plante son interlocuteur en pleine phrase parce qu’il a repéré un plus gros poisson à ferrer. Dans un monde idéal, il finirait le festival sur un rail, avec goudron et plumes. En réalité, il repart avec des plans boulot à la pelle et des invits plein les poches.

    Le grand reporter : Dans sa tête, il se voit comme un reporter de guerre, risquant sa vie sur le front, prêt à perdre un membre pour montrer au monde la vérité sur cette putain de guerre. En réalité, il travaille pour un magazine pour adolescentes, mais rien dans son look ne le laisse supposer. Treillis camouflage, casquette du Che vissée sur le crâne, chèche autour du cou et bottes de combat, il affiche en permanence l’air sombre du type qui a trop vu d’horreurs dans sa vie et adore saper le moral des photographes débutants en répétant que « le métier, c’est mort, mon gars… Fais autre chose tant qu’il est encore temps. Pour moi, c’est cuit, c’est trop tard ». Dernière précision. Quand il balance, dents serrées, sourire à l’envers, qu’il a « fait Indochine », il ne parle pas de la guerre. Juste du groupe de Nicola Sirkis.

    Le photographe : Sache-le, petit scarabée, le photographe en festival se repère à ses chaussures. Elles sont tout terrain, certes, mais également faites pour marcher, comme le disait Nancy S. au sujet de ses bottes. Car le photographe, à l’instar de la tortue, de l’escargot et de ma personne partant en week-end, trimballe sa maison sur son dos. Ou, en l’occurence, une collection de boîtiers, d’objectifs et autres machins techniques très coûteux qui pèsent lourds. Il est parfois équipé de baudriers divers auxquels il suspend son précieux matos. Voire d’une lanière spéciale où suspendre en sautoir son gobelet à bière. Et ça, ça mérite un certain respect.

    Le blasé : Il erre sur le site avec l’expression de l’ado traîné au musée par ses parents et zappe d’un concert à l’autre, consterné par la médiocrité ambiante, la programmation frileuse, la météo tartouille, la bouffe hors de prix, les spectateurs qui, au choix, applaudissent trop ou pas assez et l’enthousiasme hypocrite de ses confrères. Il est formel : les festivals, c’était mieux avant. Ou ailleurs. Là où son magazine n’a pas les moyens de l’envoyer. Du coup, il se venge en douchant la bonne humeur des autres. Mais lorsqu’à la fin du week-end il annonce qu’il remet ça la semaine prochaine, on comprend enfin qu’au fond, sous ses airs indifférents, il cache des penchants masochistes.

    Le journaliste mondain : Il n’a pas été accrédité comme ses confrères, mais invité par Thom (Yorke). Et il n’a pas l’intention de passer ce point de détail sous silence. Quand il n’est pas backstage à frayer avec ses amis les rock-stars ou planqué sur un coin de la scène pour assister aux concerts, il pratique le name-dropping avec frénésie, impressionnant le Parasite qui tente de se greffer à lui au cas où il y aurait des miettes à récolter. Il arrive sur le site en début de soirée car, la veille, il s’est couché à pas d’heure, s’excuse-t-il, à cause de l’after top secret où les Arctic Monkeys passaient des disques. Au milieu des buveurs de bière, il est le seul à ne carburer qu’au champagne. Et le seul à garder des chaussures propres pendant tout le festival, à croire qu’il ne se déplace qu’à dos de bénévole.

    La journaliste à progéniture : Elle a les moyens de s’offrir une baby-sitter, mais tient à montrer à la profession toute entière son (ou ses) gamin trop génial, très mature et grand fan de rock à quatre ans. Pour l’occasion, elle l’a déguisé en bébé rocker, avec jeans slim, perfecto couvert de badges, Converses et t-shirt Ramones. On le plaindrait bien (d’autant qu’il porte un prénom parfait, surtout pour un loulou de Poménarie) s’il n’était pas aussi mal élevé, bruyant, insolent et tête à baffes. Il enchaîne les caprices, court dans les jambes de tout le monde et manque de renverser la bière de l’Éponge sous l’œil extasié de maman qui tente de le refiler aux collègues pour ne plus se le coltiner. En bonne fourbasse, on finit par lui faire un croche-pied. Et vu le nombre de fois où il se vautre pendant le week-end, on sait qu’on n’est pas la seule.

    Le mec de l’association : Il est mo-ti-vé. Vêtu à la dernière mode alter-mondialiste et souvent surmonté de dreadlocks, il arpente le site en distribuant à tour de bras les flyers pour son assoc’ (il ne dit jamais association). Et c’est aussi bien. Car dès qu’il s’arrête, il se mue en redoutable raseur. Sa force ? Débiter un monologue-fleuve sur les initiatives de son assoc’, dans lesquels reviennent toujours les mots « citoyen » et « lien social » et son mépris pour l’industrie du disque et la presse musicale. On regrette encore d’avoir dévié la conversation en le lançant sur ses goûts musicaux. Il dégaine un CD d’un « groupe de potes qui font un truc un peu à la Shaka Ponk mais en plus reggae avec des paroles engagées » et nous le refile dans l’espoir de décrocher une chronique.

    Le journaliste du petit site qui monte : Son site ne peut que monter, puisque pour l’instant, il est ultra confidentiel. Mais armé d’une caméra et d’un appareil photo, son fondateur et unique rédacteur, monteur, preneur de son et d’images l’affirme haut et fort : avec tout le trafic qu’il va récupérer dans la foulée des festivals, son site sera bientôt le nouveau Pitchfork. Pour l’instant, ce forçat du web enchaîne les interviews des groupes du Tremplin Jeunes Talents Acnéiques. Après quoi il tend son micro à qui veut bien dire deux mots sur le festival, car, manque de bol, il n’a pas obtenu l’autorisation de filmer les concerts. Ni d’aller dans la fosse des photographes. Au fond, ce n’est pas si grave, vu qu’il a oublié de faire imprimer des flyers avec l’adresse de son site.

    Le journaliste de la PQR : Il travaille pour la presse quotidienne régionale et couvre le festival avec le même zèle que le banquet des anciens, le tournoi de pétanque et l’inauguration du gymnase Pierre Perret. Il ne connaît rien au rock, confond Marilyn et Jeane Manson et truffe son compte-rendu de généralités, d’observations sur la météo, de statistiques sur le nombre de litres de bière vendus et de propos du Conseiller Général qui se félicite de l’affluence et de la bonne organisation de l’événement. On meurt d’envie de le voir discuter avec son lointain confrère le mondain. Juste pour voir s’ils arrivent à se comprendre.


  4. Festival, J-quelque chose…

    juin 28, 2013 by Isabelle Chelley

    Encore un visuel moche de ma création… comme quoi il ne sert à rien d’avoir un iPhone avec un bon appareil quand on est une buse photographique

    Les Eurockéennes approchent. Dans un instant de folie suicidaire doublé d’une envie pressante de revoir Blur, j’ai demandé une accréditation pour l’une des plus grandes fêtes de la gadoue en France. Ça fait longtemps que je n’ai pas remis les pieds à Belfort et si j’ai oublié à quoi ressemblait le site en détail, je sais déjà qui je vais croiser. Les mêmes qu’à Rock en Seine l’an dernier, par exemple. Allez, petit passage en revue de quelques festivaliers incontournables…

    Drapeauman : Est-il breton de souche ou d’adoption ? Nul ne le sait. On ne sait pas non plus quel groupe il est venu acclamer. Sa seule activité pendant le festival consistera à agiter un drapeau breton. On le soupçonne de continuer à le faire machinalement aux portachiottes pendant sa pause pipi. Cet homme et son armée de clones sévissent tout l’été dans tous les festivals. De Coachella à la Foire au Boudin de Fouzy-les-Meldeuses, du Burning Man aux Vieilles Charrues, son drapeau claquera au vent. Et quand on l’aura dans sa ligne de mire, on aura une violente envie de lui claquer le museau.

    L’équipe de basket amateur : Elle ne se matérialise que lorsque ta meilleure pote d’1,50 mètres vient de trouver un spot idéal pour voir son groupe favori. Pile au moment où tout est blindé et que la malheureuse ne peut plus bouger un orteil.

    Relou’ckn’roll : Ne riez pas. Ce pauvre garçon est atteint du syndrome de la Tourette, mais au lieu d’émailler son discours de « couille-bite-salope », il braille par intermittence « rock’n’rooooollll ». Il ponctue la moindre intro de n’importe quel morceau (rock ou pas), l’entrée sur scène d’un roadie chauve et transpirant ou l’arrivée de son casse-dalle à la tartiflette de son célèbre cri. Il est rare qu’on plaigne les gens qui campent volontairement. Mais on finit par éprouver une grande compassion pour ses voisins de tente qui l’entendront pousser son brame nocturne du fond de sa canadienne.

    La fashionista : Sa sœur aînée, groupie de Pete Doherty, a vrillé des milliers de tympans innocents. Elle, elle préfère être belle et hanter le site en quête d’un spotter, c’est-à-dire un photographe d’un magazine/d’un blog mode susceptible d’immortaliser son look. On la repère à sa tenue des plus adaptées à base de robe en dentelle blanche, plumes dans les cheveux, chapeau improbable et chaussures compensées idéales pour un trek dans les tranchées. Et au fait qu’elle passe son week-end à enchaîner les selfies dans la moindre surface réfléchissante.

    La Crêpe Humaine : Dès son arrivée sur le site, la Crêpe Humaine n’a qu’une mission : se mettre minable. Bière, alcool de contrebande, kebab, herbe, hallucinogènes divers et avariés, tout est bon pour lui. La Crêpe adopte alors sa posture de prédilection, c’est-à-dire allongée dans un coin d’herbe, inerte, plate, un vague filet de bave aux lèvres, un coup de soleil sur le nez force 20 s’il fait beau, un début de pneumonie s’il pleut. Contrairement à la bombe humaine que tu tiens dans la main, la Crêpe Humaine risque d’être sous tes pieds si tu n’y fais pas gaffe.

    Les Locaux : Ce sont les parents des bénévoles qui bossent sur le site pendant qu’on s’amuse. Reconnaissables à leur look de randonneurs, à base de chemise en polaire assorties, croquenots de montagnards, bobs vissés sur le crâne, pantalons multipoches, ils arborent parfois, comble de la folie, le même t-shirt aux couleurs du festival. Ils ne se déplacent qu’en couple, voire en grappe de quatre ou six. Ils observent les festivités d’un œil curieux d’ethnologue en mission dans une peuplade exotique, applaudissent poliment et sont les seuls à s’intéresser au stand du Conseil Général ou Régional sur le site.

    Pissman : Grâce à sa prodigieuse capacité à enchaîner les pintes, les patrons des nombreuses buvettes du site pourront s’offrir un jacuzzi à la fin de la saison. Mais n’allez pas croire que c’est le super pouvoir de Pissman. Non, son truc, son gimmick, c’est de se soulager partout, constamment, en abondance et sans gêne aucune. Mais JAMAIS aux wawas, question d’honneur. Selon la légende urbaine, Pissman sévirait même aux premiers rangs de la scène principale, vidangeant sa vessie le long du jeans slim du copain de la Fashionista. Son spot préféré ? Le mur du bar à vin sous le regard outré des festivaliers bobos venus s’envoyer un godet de rosé bio ou mieux encore, l’entrée des portachiottes, provocation ultime pour tous les affligés qui poireautent en faisant la danse du pipi.

    Le Crétinus Festivalus : En l’espace d’un week-end, cet individu d’ordinaire inoffensif va se muer en pire cauchemar de la sécurité. Cousin de la Crêpe Humaine en version dopée, le Crétinus n’a qu’un objectif : faire tout ce qui est interdit, dangereux, très con et interdit parce que dangereux et très con. Il escalade chaque poteau, se jette dans la foule dès qu’il le peut, se roule dans la boue là où les portachiottes ont refoulé, mange des sushi qui sentent bizarre, gambade en slip sous la pluie battante, plonge après douze bières dans la moindre pièce d’eau, nargue la sécurité alors qu’il pèse 60 kilos tout mouillé, mord le berger allemand plein de puces d’un punk à chien embusqué sur la route du camping et s’arrange pour montrer ses fesses à la caméra en pleine captation du concert par Arte. Le festival achevé, arborant une seule basket boueuse et des vêtements déchirés, le Crétinus arpentera le site, nez rivé sur le sol, à la recherche de son sac à dos contenant son portefeuille et son billet de train de retour.

    Le/la pote de lycée : On l’a perdu(e) de vue depuis le lycée et un jour, on l’a retrouvé(e) sur Facebook et constaté que la nature avait été moins indulgente avec lui/elle qu’avec nous. Il faut dire qu’il/elle a eu trois mômes et vit dans un bled oublié par les spotters de magazines/blogs mode. On a échangé avec lui/elle deux fois sur Facebook, assez pour constater qu’on n’a plus rien en commun. Sauf ce festival où il/elle va en couple, vu que son aîné (il/elle s’est reproduit(e) très très tôt) est bénévole sur le site. On promet de se voir, persuadée qu’au milieu de 10 000 spectateurs, il y a peu de chance qu’on se croise. Mais pendant le week-end, à croire qu’on nous a équipée en secret d’une balise Argos, il/elle va surgir sur notre route au rythme de 30 fois par jour si bien qu’on hésite entre s’acheter une burqa ou un costume de tortue Ninja pour se fondre incognito dans la foule. Et on culpabilise presque d’avoir un si mauvais fond. Enfin, PRESQUE, hein, quand même.

    Le chanteur sympa et vachement simple : Il a déjà joué ou va bientôt le faire, mais il tient à ce qu’on le perçoive comme un festivalier normal, certes bardé de pass All Access et déambule dans la foule, sourire aux lèvres, pinte à la main. Il adore qu’on le reconnaisse, pose dès qu’il croise un iPhone (et ruine au passage un magnifique selfie de la Fashionista), signe tout, du t-shirt à la barquette de frites et tape la discute avec le petit peuple – bénévoles, serveurs des buvettes, vendeurs de kebabs. Est-il aussi sympa qu’il en a l’air ? N’a-t-il pas d’amis backstage ? Veut-il se faire élire Maire du Festival ? On ne sait pas. Mais son opération com’ marche à plein régime, puisque sa bobine souriante va saturer les réseaux sociaux tout au long du week-end, et ce, sans un mot sur son concert… Ce qui est aussi bien.

    Evidemment, l’espace presse est aussi hanté d’étranges et pittoresques créatures. Envie de découvrir leurs mœurs, us et coutumes ? Revenez faire un tour ici…


  5. Écoute ce disque…

    juin 14, 2013 by Isabelle Chelley

    Pendant que vous posterez vos burgers aux sushis sur Instagram ce midi, je serai en train de bosser. Enfin… J’écouterai un album. De manière tout ce qu’il y a de plus officielle, entourée de mes éminents confrères et consœurs, tous invités par la maison de disques, communiqué de presse sous le museau, iPad sur les genoux pour prendre des notes (ou lire en douce le New Yorker s’il y a du retard et que je n’ai pas pu m’asseoir à côté de mon meilleur ami dans le métier, il se reconnaîtra)…

    Mais attention, il y a autant de types d’écoutes d’albums que de sous-genre de metal au Hellfest… Dans un but éducatif, j’ai décidé d’en dresser une petite liste, en me basant sur mon expérience personnelle en la matière. Toutes ces situations ont vraiment existé. Je n’ai mis aucun nom afin de protéger l’honneur de mon neurone qui les a oubliés en route.

    L’écoute de luxe La maison de disques a un budget promo. Et elle tient à montrer que ce disque-là est une priorité. Du coup, elle a invité tout le gratin de la presse rock ou pas, d’internet et même du pas si gratiné que ça (on le repère à l’air interloqué de celui qui redoute d’être vidé à coup de pompes dans le fondement). Il y a du champagne. Et de la bière. Et du vin. On ignore s’il s’agit de chouchouter le journaliste ou de le faire boire pour qu’il soit indulgent. Il y a aussi du manger. Et pas que des chips en paquet familial. En dix minutes chrono, tout le monde est pompette. L’écoute achevée, l’attachée de presse zélée prendra soin de réveiller le vieux briscard ronflant dans un coin, huit coupettes vides devant lui.

    L’écoute fauchée La maison de disques est un label indépendant plein de bonne volonté et d’énergie. Elle a convié tout le gratin de la presse rock ou pas, de l’internet et même le pas si gratiné que ça. Au final, nous sommes quinze. Le gratin n’a pas pu venir, bizarrement, il devait avoir piscine. L’attaché de presse (qui est également le boss-adjoint, le chef de produit et le standardiste) file au Franprix et revient avec des packs de bières (pas fraîches), du faux coca, des chips en paquet familial et des pseudo-Haribo. On repère les pigistes web bossant gratos et les stagiaires des rédactions au fait qu’ils se jettent sur la bouffe. L’écoute achevée, l’attaché de presse zélé prendra soin de réveiller le stagiaire ronflant dans un coin, trois canettes vides devant lui.

    L’écoute service minimum La maison de disques en a ras-le-pompom du gratin de la presse qui se la joue diva, n’aime pas internet et s’en cogne du pas si gratiné que ça. Elle convie malgré tout ce petit monde en fin de journée dans une salle de réunion lugubre, aérée pour la dernière fois en 1998. Il n’y a pas assez de chaises pour tout le monde. L’assistante de l’attachée de presse propose du bout des lèvres à boire et revient avec une bouteille d’eau et des gobelets plastique. Elle déboule en pleine écoute sans prévenir pour vérifier qu’on prend bien des notes. L’écoute achevée, l’assistante zélée prendra soin de signaler à l’assemblée qu’il est 19h30 et qu’elle rentrerait bien chez elle maintenant.

    L’écoute en solo La maison de disques a organisé une écoute en groupe alors que ce jour-là, on avait piscine. Mais comme on doit chroniquer l’album ou faire une interview, on se pointe seule un après-midi et on se retrouve dans le bureau de l’attachée de presse et de ses collègues. Et c’est fou comme on a du mal à se concentrer assise sur une chaise à roulettes, avec en stéréo, l’album et la voix de l’attachée de presse et ses stagiaires en grande conversation avec la moitié de nos éminents confrères et consœurs qui eux non plus, n’ont pas pu aller à l’écoute et aimeraient bien jeter une oreille au disque… L’écoute achevée, l’attachée de presse zélée prendra soin de nous bombarder de questions pour avoir notre avis et, à la moindre de nos réserves, nous dira que Machin (insérer le nom d’un rock critique bien plus prestigieux que nous) a A-DO-RÉ, lui.

    L’écoute en studio La maison de disques a décidé d’organiser une colo de vacances connue sous le nom de voyage de presse (je vous raconterais ça en détail une autre fois, c’est très rigolo, sauf pour l’attachée de presse qui finit généralement avec l’envie d’être la star d’un prochain Faites Entrer l’Accusé intitulé La Tueuse de journalistes – Meurtres de masse dans l’univers du rock). Et dans un grand moment de folie, elle embarque quelques privilégiés qui pourront découvrir l’album dans le studio où il a été enregistré et interviewer le groupe dans la foulée. Lâcher une bande de grands ados attardés journalistes de rock dans un studio est risqué. Il y en a qui veulent faire joujou avec les boutons de la console de mixage. Ceux qui vont mater les guitares et les micros. Les fétichistes qui font des photos de tout, y compris du vieux tabouret bancal, parce que, qui sait, Kurt Cobain y a peut-être posé son chétif popotin. L’écoute achevée, l’attachée de presse zélée prendra soin de rassembler ses troupes dissipées et de gronder le sale gosse l’éminent rock critique qui a tenté de jouer Smoke On The Water sur une gratte vintage qui traînait dans le coin.

    L’écoute parano La maison de disques a du lourd, du très lourd. Et tient à le faire savoir. D’où l’enclenchement du mode Fight-Club. C’est-à-dire que la première règle de cette écoute est qu’il est interdit de parler de l’écoute. Le gratin de la presse et d’internet est convié (le pas si gratiné que ça n’est pas au courant de toute façon) et averti au préalable qu’il ne doit pas avouer, même sous la torture, qu’il va à cette écoute. Les journalistes doivent signer des liasses documents leur faisant jurer sur l’honneur, la vie de leur éventuelle descendance ou, plus important, celle de leur collection de vinyles, qu’ils ne diront pas un mot au sujet du disque avant sa date de sortie. Frustrés de ne pas pouvoir narguer le petit peuple sur les réseaux sociaux, ils grognent, mais aucun d’entre eux n’enfreindra la règle, de crainte des conséquences allant du bannissement à la déportation sur une planète hostile sans oxygène avec Christophe Maé en fond sonore. L’écoute achevée, l’attachée de presse zélée prendra soin de réitérer les menaces, en insistant sur le fait qu’elles émanent de la maison de disques américaine ou anglaise, équivalent du croque-mitaine croisé de Satan, en plus méchant.

    L’écoute en présence de l’artiste JAMAIS. Il n’y a rien de plus stressant que de devoir se concentrer sur un album tout en sentant le regard anxieux de son auteur guettant nos réactions et s’attendant ensuite à un commentaire intelligent et constructif, comme ça, sans recul (« waow, cool, putain d’album, j’ai kiffé ! » n’est pas considéré comme entrant dans cette catégorie). Donc JAMAIS. Plutôt tourner une sex-tape zoophile et la projeter à mes parents et amis les plus proches, le tout pendant un grand week-end au camping (je tiens à préciser que je vomis de la bile fluorescente à la simple vue d’une tente Quechua).


  6. Vis ma vie de journaliste…

    mai 15, 2013 by Isabelle Chelley

    Ces phrases-là, des attaché(e)s de presse bien intentionné(e)s me les ont dites avant une interview. Certaines de mes réponses sont authentiques… Mais j’aurais aimé toutes les prononcer…

    Tu as écouté le disque ?

    Nooon, surtout pas, c’est un principe, ça risquerait d’influer sur l’opinion que je me suis faite de cet artiste en lisant le communiqué de presse

    Si tu n’as pas aimé le disque, tu ne lui dis pas, hein ? J’aurais adoré ne pas sabrer l’estime de soi de ton artiste, mais c’est ma journée détox de mensonge diplomatique

    Tu ne lui parles pas de son divorce/du split douloureux de son groupe/de son ex-partenaire qui le traîne au tribunal QUOI ? Rock&Folk a été racheté cette nuit par Public et on ne m’a rien dit ?!

    Ça t’ennuie si au lieu de 45 minutes d’interview, tu n’en as que 30 ? Ben non, mais comme j’ai quatre pages à remplir, j’inventerais des réponses, ça va être cool, tu verras

    Tu lui parles de son dernier album, surtout Et merde… Moi qui comptais l’entretenir sur sa petite santé, ses boutures de géranium et sa recette de quiche aux courgettes…

    Tu n’as pas uploadé l’album sur internet ? Ah, tu n’étais pas au courant ? Pirate Bay, c’est moi. Ouais, même débordée de travail, je leake des albums. Par pure perversion.

    On a pris une heure de retard, je n’ai pas pensé à te prévenir, tu peux patienter ? Bien sûr, j’adore attendre. Au préalable, cependant, je vais vider le bar aux frais du label. Après quoi, je vomirai dans ton sac, en toute cordialité.

    C’est un showcase pour un jeune artiste sur lequel on mise beaucoup. Ce serait bien que tu viennes. Il y aura un open bar Aaaaahhhhh, open baaaarrrrrr

    Il y a des possibilités d’interview pendant le festival. Tu es intéressée ? Carrément ! J’adore interviewer des mecs claqués qui descendent de leur bus, et par dessus tout, je préfère hurler mes questions pendant le soundcheck de batterie.

    Ce ne sera pas une interview, mais une table ronde, ça ne t’ennuie pas ? Un peu quand même. Je ne fais des tables rondes qu’avec des chevaliers. Tu peux demander au groupe de passer des armures ? Merci.

    Ton article ne sortira qu’en français ? Dès que Rock&Folk sort une version en grec, en tagalog et en cantonnais, je te tiens au jus.

    Au fait, l’interview se fera en anglais. Tu le parles un peu ? Naaan, bien sûr que non, je traduis mes questions avec Google Translator et je prends un air inspiré quand on me répond. Jusqu’ici, personne ne s’est douté de la supercherie.

    C’est un groupe autoproduit mais il mériterait un gros papier dans Rock&Folk. Tu peux faire quelque chose ? Je suis pigiste, je mériterais un gros salaire, mais la vie est une pute.