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Posts Tagged ‘festivalier’

  1. Festival, J-quelque chose…

    juin 28, 2013 by Isabelle Chelley

    Encore un visuel moche de ma création… comme quoi il ne sert à rien d’avoir un iPhone avec un bon appareil quand on est une buse photographique

    Les Eurockéennes approchent. Dans un instant de folie suicidaire doublé d’une envie pressante de revoir Blur, j’ai demandé une accréditation pour l’une des plus grandes fêtes de la gadoue en France. Ça fait longtemps que je n’ai pas remis les pieds à Belfort et si j’ai oublié à quoi ressemblait le site en détail, je sais déjà qui je vais croiser. Les mêmes qu’à Rock en Seine l’an dernier, par exemple. Allez, petit passage en revue de quelques festivaliers incontournables…

    Drapeauman : Est-il breton de souche ou d’adoption ? Nul ne le sait. On ne sait pas non plus quel groupe il est venu acclamer. Sa seule activité pendant le festival consistera à agiter un drapeau breton. On le soupçonne de continuer à le faire machinalement aux portachiottes pendant sa pause pipi. Cet homme et son armée de clones sévissent tout l’été dans tous les festivals. De Coachella à la Foire au Boudin de Fouzy-les-Meldeuses, du Burning Man aux Vieilles Charrues, son drapeau claquera au vent. Et quand on l’aura dans sa ligne de mire, on aura une violente envie de lui claquer le museau.

    L’équipe de basket amateur : Elle ne se matérialise que lorsque ta meilleure pote d’1,50 mètres vient de trouver un spot idéal pour voir son groupe favori. Pile au moment où tout est blindé et que la malheureuse ne peut plus bouger un orteil.

    Relou’ckn’roll : Ne riez pas. Ce pauvre garçon est atteint du syndrome de la Tourette, mais au lieu d’émailler son discours de « couille-bite-salope », il braille par intermittence « rock’n’rooooollll ». Il ponctue la moindre intro de n’importe quel morceau (rock ou pas), l’entrée sur scène d’un roadie chauve et transpirant ou l’arrivée de son casse-dalle à la tartiflette de son célèbre cri. Il est rare qu’on plaigne les gens qui campent volontairement. Mais on finit par éprouver une grande compassion pour ses voisins de tente qui l’entendront pousser son brame nocturne du fond de sa canadienne.

    La fashionista : Sa sœur aînée, groupie de Pete Doherty, a vrillé des milliers de tympans innocents. Elle, elle préfère être belle et hanter le site en quête d’un spotter, c’est-à-dire un photographe d’un magazine/d’un blog mode susceptible d’immortaliser son look. On la repère à sa tenue des plus adaptées à base de robe en dentelle blanche, plumes dans les cheveux, chapeau improbable et chaussures compensées idéales pour un trek dans les tranchées. Et au fait qu’elle passe son week-end à enchaîner les selfies dans la moindre surface réfléchissante.

    La Crêpe Humaine : Dès son arrivée sur le site, la Crêpe Humaine n’a qu’une mission : se mettre minable. Bière, alcool de contrebande, kebab, herbe, hallucinogènes divers et avariés, tout est bon pour lui. La Crêpe adopte alors sa posture de prédilection, c’est-à-dire allongée dans un coin d’herbe, inerte, plate, un vague filet de bave aux lèvres, un coup de soleil sur le nez force 20 s’il fait beau, un début de pneumonie s’il pleut. Contrairement à la bombe humaine que tu tiens dans la main, la Crêpe Humaine risque d’être sous tes pieds si tu n’y fais pas gaffe.

    Les Locaux : Ce sont les parents des bénévoles qui bossent sur le site pendant qu’on s’amuse. Reconnaissables à leur look de randonneurs, à base de chemise en polaire assorties, croquenots de montagnards, bobs vissés sur le crâne, pantalons multipoches, ils arborent parfois, comble de la folie, le même t-shirt aux couleurs du festival. Ils ne se déplacent qu’en couple, voire en grappe de quatre ou six. Ils observent les festivités d’un œil curieux d’ethnologue en mission dans une peuplade exotique, applaudissent poliment et sont les seuls à s’intéresser au stand du Conseil Général ou Régional sur le site.

    Pissman : Grâce à sa prodigieuse capacité à enchaîner les pintes, les patrons des nombreuses buvettes du site pourront s’offrir un jacuzzi à la fin de la saison. Mais n’allez pas croire que c’est le super pouvoir de Pissman. Non, son truc, son gimmick, c’est de se soulager partout, constamment, en abondance et sans gêne aucune. Mais JAMAIS aux wawas, question d’honneur. Selon la légende urbaine, Pissman sévirait même aux premiers rangs de la scène principale, vidangeant sa vessie le long du jeans slim du copain de la Fashionista. Son spot préféré ? Le mur du bar à vin sous le regard outré des festivaliers bobos venus s’envoyer un godet de rosé bio ou mieux encore, l’entrée des portachiottes, provocation ultime pour tous les affligés qui poireautent en faisant la danse du pipi.

    Le Crétinus Festivalus : En l’espace d’un week-end, cet individu d’ordinaire inoffensif va se muer en pire cauchemar de la sécurité. Cousin de la Crêpe Humaine en version dopée, le Crétinus n’a qu’un objectif : faire tout ce qui est interdit, dangereux, très con et interdit parce que dangereux et très con. Il escalade chaque poteau, se jette dans la foule dès qu’il le peut, se roule dans la boue là où les portachiottes ont refoulé, mange des sushi qui sentent bizarre, gambade en slip sous la pluie battante, plonge après douze bières dans la moindre pièce d’eau, nargue la sécurité alors qu’il pèse 60 kilos tout mouillé, mord le berger allemand plein de puces d’un punk à chien embusqué sur la route du camping et s’arrange pour montrer ses fesses à la caméra en pleine captation du concert par Arte. Le festival achevé, arborant une seule basket boueuse et des vêtements déchirés, le Crétinus arpentera le site, nez rivé sur le sol, à la recherche de son sac à dos contenant son portefeuille et son billet de train de retour.

    Le/la pote de lycée : On l’a perdu(e) de vue depuis le lycée et un jour, on l’a retrouvé(e) sur Facebook et constaté que la nature avait été moins indulgente avec lui/elle qu’avec nous. Il faut dire qu’il/elle a eu trois mômes et vit dans un bled oublié par les spotters de magazines/blogs mode. On a échangé avec lui/elle deux fois sur Facebook, assez pour constater qu’on n’a plus rien en commun. Sauf ce festival où il/elle va en couple, vu que son aîné (il/elle s’est reproduit(e) très très tôt) est bénévole sur le site. On promet de se voir, persuadée qu’au milieu de 10 000 spectateurs, il y a peu de chance qu’on se croise. Mais pendant le week-end, à croire qu’on nous a équipée en secret d’une balise Argos, il/elle va surgir sur notre route au rythme de 30 fois par jour si bien qu’on hésite entre s’acheter une burqa ou un costume de tortue Ninja pour se fondre incognito dans la foule. Et on culpabilise presque d’avoir un si mauvais fond. Enfin, PRESQUE, hein, quand même.

    Le chanteur sympa et vachement simple : Il a déjà joué ou va bientôt le faire, mais il tient à ce qu’on le perçoive comme un festivalier normal, certes bardé de pass All Access et déambule dans la foule, sourire aux lèvres, pinte à la main. Il adore qu’on le reconnaisse, pose dès qu’il croise un iPhone (et ruine au passage un magnifique selfie de la Fashionista), signe tout, du t-shirt à la barquette de frites et tape la discute avec le petit peuple – bénévoles, serveurs des buvettes, vendeurs de kebabs. Est-il aussi sympa qu’il en a l’air ? N’a-t-il pas d’amis backstage ? Veut-il se faire élire Maire du Festival ? On ne sait pas. Mais son opération com’ marche à plein régime, puisque sa bobine souriante va saturer les réseaux sociaux tout au long du week-end, et ce, sans un mot sur son concert… Ce qui est aussi bien.

    Evidemment, l’espace presse est aussi hanté d’étranges et pittoresques créatures. Envie de découvrir leurs mœurs, us et coutumes ? Revenez faire un tour ici…