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Question de longueur…

10 juin 2013 by Isabelle Chelley

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Après la mode du « tiens, si on commençait le concert tard, genre vers 22h30, mais on ne le dit pas vraiment sur le billet, hein, on met 20h, comme ça, les spectateurs boivent plein de pintes et on se fait un max de tunes l’air de rien », voici la tendance « plus y’en a, mieux c’est, si, si, tu vas voir ».

Ouais, c’est nouveau, pas moyen d’aller voir un concert sans se manger trois groupes minimum à l’affiche. Ce qui pose quelques problèmes et désagréments. D’abord, soit le concert commence très tôt et forcément, ce n’est pas du goût de ceux qui travaillent, soit il débute aux alentours de 20h30 et là, il faudra dire demain à ses yeux au réveil, « rendez-vous, vous êtes cernés ».

Mais ce n’est pas le plus grave (on a un très bon anticernes à vous recommander…) Non, le pire, c’est que quatre groupes à l’affiche, ça veut forcément dire des sets abrégés, pas de rappel, bref, une sorte d’échantillon de concert, à mi-chemin entre le showcase et le passage en festival. Et quand on va voir son petit groupe indé qui ne tourne pas forcément en Europe tous les trois matins, c’est très frustrant. Genre très très, même.

Enfin, comme on est d’un naturel aimable, on passera sur les affiches fourre-tout. Oh et puis non, on va dénoncer. La soirée Secretly Parisian, organisée par le label Secretly Canadian et ses affiliés s’inscrivait pile dans cette catégorie-là. Au programme, quatre groupes n’ayant rien à voir ensemble. Pour avoir droit à 45 minutes de Bleached, on s’est insufflé les mous de Diana. Puis par curiosité, on a jeté un œil au groupe suivant. Outre son côté pittoresque – le chanteur avait l’air dégoûté du mec qui a trouvé un caca de pigeon dans sa bière et l’ensemble louchait salement vers Paul Simon, époque « Graceland » – on se demandait ce qu’il foutait au programme, entre de la pop momolle, les pétroleuses de Bleached et le groupe suivant, plutôt orienté prog…

Mais attention, hein, on n’a rien contre les soirées ou festivals de labels. A condition qu’ils soient organisés par des labels ayant une vraie identité forte. Comme Fargo et son Fargo Rock City. Sa triple affiche Two Gallants – Sallie Ford & The Sound Outside – Steve Earle le 27 mai au Trianon était parfaite. Cohérente sans être trop homogène. Dense, forte, mais pas indigeste. On en espère autant du City Sounds au 104 à Paris les 19 et 20 juillet.

En attendant, on aimerait rappeler aux organisateurs de concerts que la longueur ne compte pas… Que tous les bonus tracks du monde n’ont pas sauvé le CD de sa morte douloureuse… Que les triples albums des seventies ont failli provoquer la mort du rock… Et que zapping et nouvelles technologies obligent, on a désormais tous la capacité d’attention d’un gosse de trois ans… Alors n’hésitez pas à revenir à la bonne vieille formule « première partie, groupe star et zou c’est plié ». On ne vous en voudra pas. L’anticernes à la longue, c’est un vrai budget. Merci.


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