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Pas d’oubli ! Ni de pardon !

25 mai 2020 by Isabelle Chelley

Plutôt que d’accompagner mes posts de photos moches prises par mes soins, j’ai demandé une illustration à Klouk (une de mes nièces, Tintinophile de son état). Merci Klouk. Le capitaine Kappock va A-DO-RER !

Attention, aujourd’hui, je n’ai peur de rien, je balance, je polémique, j’accuse.

Au début du confinement, alors que je tentais de faire taire la petite voix hystérique qui couinait en permanence “Comment tu vas survivre sans apéros avec les amis, sans disquaires, sans rattrapage de tes racines chez le coiffeur ?”, j’ai choisi d’occuper chaque instant de la journée. Et quand je ne bossais pas ou ne gérais pas deux Gremlins plus communément appelés chihuahuas, j’ai commis une erreur fatale pour mon équilibre mental. Je suis allée jeter un œil aux vidéos d’artistes confinés…

Résultat des courses ? A de rares exceptions, un désastre à l’égal de la situation du pays à la sortie de ce long tunnel de putain de train fantôme de l’apocalypse… Je ne mentionne pas les noms des coupables. Ils seraient trop contents de faire le buzz. Mais vous les reconnaîtrez sans doute ci-dessous.

Le chanteur trop sympa : Dix minutes après le début du confinement, il décide de mettre en téléchargement gratuit tout son catalogue. Et ses inédits, ses vidéos de concerts, ses vieilles interviews. Dans deux jours, à court de matos frais, il va nous balancer la VHS du mariage de ses parents, des scans des dessins de ses neveux et la photo d’identité de sa carte d’étudiant. C’est gentil de sa part, hein. Vraiment. Dommage qu’il n’ait jamais fait un bon disque de sa vie.

L’artiste vachement arty : Déjà, ne l’appelez pas chanteuse (même si elle chante). C’est une artiste multi-médias conceptuelle. On ne sait pas trop ce que ça veut dire, mais ça en jette (je regrette d’avoir ri quand une gosse de 5 ans m’a dit qu’elle voulait être maîtresse d’école-cosmonaute maintenant). Mais bref, l’AVA se lance dans un happening confiné dans le couloir de son appartement. Dès qu’elle apparaît, on se demande ce qu’elle porte. Une sorte d’hybride entre combi de plongée, toge et marinière, avec des babouches ? Et quand elle attaque son étrange chorégraphie, on flippe. Est-elle atteinte du virus ? D’un parasite intestinal conceptuel et rare ? On se souvient alors qu’elle est toujours comme ça. Pas un hasard si après sa vidéo, YouTube nous en propose une d’Arielle Dombasle vocalisant pour faire fuir le virus…

L’artiste qui gère pas trop : Mais pas trop du tout. Dès sa première vidéo, le malaise est palpable. Il est là, dans sa cuisine en bordel, arborant t-shirt douteux et barbe de trois jours. Et clairement, son peigne a été confiné loin de chez lui. Quand il ouvre la bouche, c’est pire. Il a la diction pâteuse et pédale dans la semoule en reprenant son tube dont tout le monde connaît les paroles. Il tente à la fin une blagounette pas drôle qui lui vaudra des injures sur Twitter de la part de ceux qui l’ont interprétée comme pangolinophobe. Pendant une semaine, le malaise se poursuit, ce qui permet de confirmer qu’il ne change pas de t-shirt. Puis il finit par disparaître. On se demande alors si Renaud l’a kidnappé en le prenant pour un pruneau à l’eau-de-vie…

L’artiste qui gère pas trop, mais c’est pas sa faute : Enfin, quand même un peu… Sérieusement, qui se confine avec cette famille infernale et une ménagerie ? Où qu’il se pose chez lui, il est dans le passage et on le lui fait sentir. Sa femme fait un solo de moulin à café électrique dans son dos alors qu’il joue une ballade à la gratte acoustique. Ses gosses courent autour de lui en braillant. Un chien interprète La chanson de son peuple pour l’accompagner. En fond sonore, on distingue un chat grattant furieusement dans sa litière. Quand il s’exile dans le jardin dans l’espoir vain d’être au calme, son voisin dégaine la tondeuse à gazon. Au final, peu importe qu’il arrive au bout d’un morceau : on partage ses vidéos pour leur côté Vidéo Gag rétro très appréciée en ces temps de repli sur un passé plus simple…

La superstar donneuse de leçon : Pas folle, elle ne se risque pas à une reprise d’Imagine au ukulélé. Elle sait que sans son équipe de requins de studio, elle ne vaut pas une cacahuète. Mais ce n’est pas pour autant qu’elle va rater une occasion de faire parler d’elle. Arborant une tenue décontractée – elle a sa marque de sportwear, où le moindre t-shirt coûte la moitié d’un loyer parisien – pas maquillée/coiffée (elle précise sur Instagram que c’est pour reposer sa peau et ses cheveux. Traduire par : j’ai du personnel pour gérer ça en général…), elle se pose sur un canapé géant blanc immaculé pour inviter ses fans à rester chez eux. A ne sortir sous AUCUN prétexte, pas même faire ses courses. La tentation est alors grande de fracasser l’iPhone en hurlant “FACILE À DIRE ! T’AS DES LAQUAIS QUI T’ACHÈTENT TON PQ ! ET TA TABLE BASSE FAIT LA TAILLE DE MON SALON !” Quand des hordes de fans auront cette réaction sur son compte Instagram, elle supprimera la vidéo, puis postera des excuses larmoyantes, car vraiment, elle ne comprend pas ce déferlement de haine. Avec derrière elle, la vue imprenable sur sa piscine…

L’opportuniste : On le pensait confiné depuis 10 ans et il ne nous manquait pas. Mais il adore qu’on parle de lui, même si on se moque (tant mieux, VRAIMENT). Ses tentatives de comeback maudites ressemblent à des appels à figurer dans des bêtisiers de fin d’année : dérapage tragique d’un mocassin à Danse avec les Has-Been, diarrhée en Papouasie lors de son passage à Casse-couilles en terre inconnue, échec cuisant de son autobiographie Si, si, je vous assure, je reviendrais par la fenêtre, voiture cramée par des Gilets Jaunes lorsqu’il a voulu leur écrire un hymne… Le confinement est pour lui une opportunité de se réinventer. Et il le fait savoir en postant son manifeste pour “La Vie D’après”, écrit dans un mélange de novlangue de marketeux et de philosophe tendance Bisounours sous acide. Puis en annonçant qu’il a composé une chanson dont les bénéfices seront reversés aux soignants. Composer est un bien grand mot. Il a repris un de ses vieux morceaux, a bricolé des paroles sur “ces héros en blouse et masque”, “la guerre contre un ennemi invisible” et “la victoire qu’on ne remportera qu’ensemble, forts et solidaires”. On a envie de le remercier. On n’avait jamais vomi de rire jusqu’à présent.


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